Depuis longtemps je songeais souvent a cet endroit ou petite mon amie Catherine et moi allions y jouer après l'école ou les jours de congé avec l'ordre impératif de revenir soit à l'angélus du midi ou bien avant la noirceur.
Surtout mais surtout avant la noirceur.
L'hiver nous allions y glisser de longues journées. Dans ce temps-la nous jouions dehors et nos parents ne nous chicanaient pas pour sortir mais plutôt pour entrer ! Sinon gare a nous!
Punition ultime: Passer sous la table ou l'interdiction de sortir !
Et je peux vous assurer que revenir avant la noirceur en plein hiver avec une traîne sauvage en bois et les habits de neige du temps demandait un effort incroyable.
Surtout lorsque tu n'as que 6 ans ( environ).
Cet endroit légendaire nommé Cap au Diable sur le territoire de Sillery est devenu bien après notre
enfance un Parc urbain ....
Alors avant de prendre la route pour cette grande expédition , une petite gorgée d'eau glacée !
Je n'ai jeté qu'un bref coup d'œil au ciel, ne me formalisant pas sur les prédictions météo et préférant emporter les au cas ou ...
Pourquoi avoir tant hésité avant d'y retourner ?
Peut-être la crainte d'y retrouver un paysage modifié?
Une déception ???
Ou ....
Alors j'ai stationné l'auto malgré l'interdit et suis partie explorer, retrouver les sentiers sinueux dans la forêt sauvage ( boisé urbain) et entreprendre la montée abrupte ( quelques rochers ). Revivre la grandeur noirceur ( ombre des immenses arbres dont il ne reste que quelques vestiges du temps, remplacés par de plus jeunes et plus vigoureux spécimens.
Croire malgré la rassurante promesse de ma mère que le Bonhomme sept heure était une invention de parents. Se sentir suivies .... Sûrement de tout petits écureuils qui en voulaient plus a nos biscuits qu'à nous !
Frissonner d'effroi au hululement du hibou.... Bref une foret vivante bien à nous qui nous procurait joie, bonheur mais aussi un tout petit rien de peur enfantine.
Mais quand un lieu de jeux porte un tel nom on peut s'attendre a tout ou presque !
Une fontaine dont l'eau se scinde en deux lorsqu'on veut s'y désaltérer ....
Une magnifique fleur nommée Chroscosmia Lucifer .....
De quoi me donner des frissons dans le nom même après tout ce temps passé
Depuis sûrement longtemps les sentiers tracés de nos souliers ont fait place a de solides escaliers de pierre taillée.
Et les monstres eux, pétrifiés dans la pierre depuis si longtemps.
Finalement l'escalade n'était qu'une levée de jambe.
Pour quelques temps après et non une éternité
enfin j'y suis arrivée.
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Ils ont par mesure de sécurité mis une clôture de sécurité !
Et c'est bien ainsi.
Évidemment nous avions l'interdiction de s'asseoir les jambes dans le vide tout au bord du Cap afin de regarder passer le train au Foulons.
Mais qui n'a jamais .....
Mais jamais et au grand jamais défié l'interdit ?
Le lieu est plus petit ....
Vraiment tout petit....
Pourtant je ne suis pas si grande !
Et la balade de courte durée....
Je sais je marche rapidement, on me le dit souvent.
Mais quand même.
Dans mes souvenirs du pays des friches c'était une terre sans frontière, une autre planète, un lieu non découvert. Bien à nous...
Un lieu mythique, fantomatique ...
Un endroit ou la frontière entre le réel et l'imaginaire était presque palpable.
Lorsque des pins mungo peuvent servir de prison....
La ou le Bonhomme sept heure peut soudainement revivre....
Mais il reste une chose qui est et sera toujours à moi.
La grandeur de la vue !
Nous étions explorateurs en herbe, découvreurs de beauté et les souvenirs que j'en garde sont immenses eux !
Et cette vue est vraiment mais vraiment à la hauteur
Catherine ma douce amie, lors de ce retour au source, de cette remontée dans le temps. Tu étais avec moi.
Tu m'as suivie sur la route du retour avant la noirceur, remportant notre traîne sauvage, nos mitaines gelées et les foulards qui nous piquaient le menton. En traînant des pieds tellement la fatigue était lourde à porter.
Tu étais aussi présente lorsque j'ai entendu les cloches. Malgré que ce n'était sûrement pas l'angélus. Je crois bien que l'angélus c'est du passé ... Tout comme le bonhomme sept heure.
A toi mon amie
Catherine 1963-2012.
4 commentaires:
C'est un très beau souvenir d'enfance, j'ai revécu ces bons moments avec toi. Sur la terre de mon grand-père il y a aussi un cap aux diable, c'est à St-Denis de Kamouraska.
Justement une amie qui réside a St-Denis m'en a parlé de ce cap au diable du bas du fleuve !Quelle coïncidence dis donc !
Catherine reste donc la dépositaire des rêves de ton enfance, par delà sa disparition. Bel hommage! à l'amitié, à l'enfance!
Nous y allions toujours ensemble et si ce n'était pas là c'était ailleurs... Un petit coin de verdure soit dans un boisé, un champs ou au bord de l'eau suffisait a transformer le quotidien en un voyage féérique.
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